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Deepak
Nirula, Le McDo écolo à la sauce indienne
Lorsque Ravi Agarwal (voir son portrait),
président d’une des ONG indiennes les plus actives
sur les problématiques de déchets, nous a conseillé
d’aller rencontrer le président de Nirula’s,
la chaîne de restauration rapide la plus connue de Delhi,
nous avons d’abord cru à une blague. Une ONG
engagée qui recommande les pratiques d’un fast-food,
nous demandions à voir.
Bien que réputé plutôt timide, Deepak
Nirula a accepté de nous recevoir pour essayer d’en
savoir plus sur les pratiques de son entreprise.
Deepak est l’héritier d’une famille qui
travaille dans le secteur alimentaire depuis 65 ans, depuis
sa tendre enfance, son destin était tracé, il
reprendrait la tête de Nirula’s Ltd, de ses 66
restaurants, ses 3 hôtels et devrait assurer la pérennité
d’une entreprise qui regroupe près de 2000 employés
dans tout Delhi et ses environs.
Cette voie du destin rectiligne n’empêcha nullement
Deepak d’imprimer sa propre marque à l’entreprise
créée par ses aïeux. Son enfance dans un
pensionnat au pied des collines himalayennes a fait de lui
un amoureux de la Nature, et il ne peut se résoudre
à voir son entreprise participer à l’accumulation
de déchets sans rien faire. Au début des années
80, alors que personne à l’époque ne considère
les déchets comme un problème important en Inde,
il décide de faire bouger son entreprise.
Dorénavant, les déchets, principalement organiques,
seront compostés, c’est à dire mélangés
à de la terre et laissés à la voracité
des vers, le meilleur moyen de recycler en améliorant
la fertilité de la terre. L’utilisation de supports
et de sacs plastiques est radicalement réduite malgré
la protestation de certains clients. Dans les hôtels,
une politique de tri, de recyclage et de réduction
des consommations d’eau et d’énergie est
lancée.
Nombre de ces initiatives sont venues des employés
eux-mêmes. Dernière en date, un projet de coupelle
pour les glaces et sorbets qui serait entièrement comestible.
Une bonne idée … encore à l’étude.
Bien entendu, étant donné que Nirula’s
possède aussi ses propres usines de production et ses
champs, nous demandons à Deepak dans quelle mesure
il pourrait passer à une agriculture organique. Cette
question, il se l’est posé depuis longtemps,
il possède lui-même une ferme d’agriculture
biologique, une des rares du sous-continent indien qu’il
n’arrive pas à faire survivre aux pollutions
des engrais ou des insecticides des fermes avoisinantes…
Pour lui, l’avenir d’une agriculture plus censée
en Inde est radical, on ne pourra passer graduellement du
tout engrais au tout organique. Aujourd’hui, les sols,
les eaux et l’air sont tellement pollués que
toute la chaîne alimentaire est touchée. Récemment
Coca et Pepsi se sont faits épinglés pour une
utilisation d’eaux dont la teneur en résidus
polluants d’engrais était supérieure aux
normes acceptables. Mais pour Deepak, il est absurde de penser
que seuls les sodas sont touchés. À un échelon
ou un autre, la chaîne alimentaire a été
infectée et manger du poulet qui s’est nourri
de graines issues d’un champs saturé d’engrais
est tout aussi dangereux. Les mesurettes pour améliorer
certaines pratiques ne résolvent nullement le problème
selon lui. Il compare celles-ci à l’interdiction
de fumer dans les restaurants alors que respirer l’air
pollué de Delhi revient à fumer 20 cigarettes
par jour.
Qu’est ce qui fera changer les choses ?
Deepak pense que pour faire évoluer les pratiques,
il faut qu’elles démontrent qu’elles sont
plus simples que les anciennes. Ce qui, selon lui, n’est
pas encore le cas aujourd’hui… mais ce planteur
d’arbre à ces heures perdues ne perd pas pour
autant espoir. Son action en est le meilleur exemple.
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