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Il
se donne un Max pour les petits producteurs...
« Dans la vie, il y a ceux qui regardent le monde
tel qu’il est et se demande pourquoi et ceux qui l’imaginent
tel qu’il devrait être et se disent : pourquoi
pas ?? » Cette phrase de George Bernard Shaw s’applique
parfaitement à Victor Fereira, directeur général
de Max Havelaar France, le représentant français
du plus important label de commerce équitable.
Fils d’immigré portugais ayant passé toute
son enfance dans les milieux ouvriers de Champigny (dans la
banlieue Parisienne), Victor Fereira a un long passé
associatif derrière lui. Préoccupé très
jeune par les questions de justice sociale et de dignité
humaine, il croit profondément que chacun a le droit
de vivre décemment de son travail. Il s’engage
rapidement dans « Etudiants et Développement
», une ONG de sensibilisation aux relations Nord/Sud
et après un passage comme Secrétaire Général
d’ « Agir Ici », il prend la direction en
1998 de Max Havelaar France.
Sa mission première est de donner une dimension nationale
à cette ONG qui, à l'époque, ne possède
que quelques magasins de commerce équitable en Bretagne
et commence à s’intéresser à la
labellisation.
La problématique de l’époque est en effet
de faire entrer les produits du commerce équitable
dans les grandes surfaces car c’est là que 88%
des achats alimentaires sont réalisés. Et pour
cela, il faut un label certificateur. Max Havelaar France
va considérablement s’inspirer de ce que qui
existe déjà à l’étranger
(aux Pays-Bas par exemple) sous le nom de FLO International.
Max Havelaar décide donc de labélliser toutes
les coopératives remplissant les conditions suivantes
:
- une rémunération décente pour les petits
producteurs (fixés selon les critères de pauvreté
de l’ONU et toujours supérieurs au cours du marché),
- des conditions de travail décentes et en accord avec
les principes du BIT (Bureau International du Travail),
- le paiement d’une prime au développement pour
construire écoles, dispensaires et infrastructures
locales,
- et enfin le respect de l’environnement avec un cahier
des charges proche de celui des produits bio.
Pour contrôler le respect de ces normes, 40 inspecteurs
auditent une fois par an les 320 coopératives partenaires
dans les pays du Sud. Chaque année, 20 nouvelles obtiennent
la labellisation et 5 la perdent en moyenne. Le label touche
désormais 800.000 petits producteurs dans 38 pays différents,
ce qui signifie qu’avec femmes et enfants, c’est
5 millions de personnes qui vivent grâce au commerce
équitable.
En France, c’est presque 1% du café consommé
qui est labellisé Max Havelaar. Les objectifs fixés
par Victor Fereira sont bien plus ambitieux puisque il souhaite
que 5% puisse l’être d’ici 3 ans (comme
c’est déjà le cas en Suisse, le pays le
plus en avance en Europe).
Il ne rêve pas encore des 25% de part de marché
des bananes équitables en Suisse mais prédit
que la tendance actuelle (la demande globale de produits issus
de cette filière double chaque année) devrait
se prolonger pour les 3 années qui viennent.
Car contrairement à ce qui est actuellement perçu
par les consommateurs, le label Max Havelaar ne s’applique
pas uniquement au café mais à 10 filières
différentes comme le sucre, le cacao, le riz, le jus
d’orange et même les ballons de football en Italie,
et ceci avec des résultats commerciaux plus qu’encourageants.
Sa vision à long terme n’est pas utopique car
selon lui, jamais 100% du commerce ne sera équitable,
mais à l’horizon 2010, l’objectif est de
représenter 5 à 7 % de chaque filière.
Ainsi les grandes multinationales commenceront à se
préoccuper de ce marché et de ses nombreux «consomm’acteurs».
Elles seront alors contraintes de modifier petit à
petit leurs pratiques et ainsi améliorer les conditions
de vies des petits producteurs.
Enfin, si Victor Ferreira inscrit son action dans le mouvement
altermondialiste, il précise que Max Havelaar est aussi
présent et écouté aux rendez-vous de
Davos. Moins prompt à dénoncer les dérives
de notre monde qu’à tenter d'en construire un
meilleur.
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