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Le
bioplastique, c'est fantastique !
Le plastique, comme beaucoup d’entre vous le savent
déjà, est présent partout autour de nous
(dans les conditionnements alimentaires, les automobiles,
l’électronique…) et demeure indispensable
à nos modes de vie. Il présente cependant, comme
les autres dérivés pétrochimiques dont
il fait partie, deux problèmes majeurs : la dépendance
en ressource naturelle finie (le pétrole brut) et la
persistance dans l’environnement de résidus qui
mettent plusieurs siècles à être biodégradés.
Un chercheur Écossais, basé à Cambridge
dans le Massachusetts, a peut-être trouvé une
solution pour répondre à ces deux enjeux. Il
a mis au point une technologie fiable, compétitive
et écologiquement soutenable pour produire du plastique
entièrement biodégradable, et ce, en le tirant
des plantes. Voici l’histoire de celui qui est susceptible
de créer au sein de l’industrie pétrochimique
mondiale, une vrai « Révolution Verte ».
Oliver Peoples est né dans un petit village de la région
minière d’Aberdeen en Ecosse. Brillant étudiant,
il est un des tout premiers au monde à passer son doctorat
en ingénierie génétique et se retrouve,
tout naturellement, convié à approfondir ses
connaissances dans l’antre de la recherche scientifique
mondiale : le prestigieux Massachusetts Institute of Technology.
Après 10 ans à courir après ce que beaucoup
considéraient comme une chimère, il découvre
une enzyme capable de « fabriquer » le bioplastique
PHA, le polyhydroxyalkanoate.
Le procédé est simple, on met dans une grande
cocotte des restes d’épis de maïs que l’on
fait fermenter avec cette enzyme « miracle » le
temps voulu pour disposer de n’importe quelle qualité
de plastique désiré. Entièrement biodégradable
dans un environnement humide ou dans l’eau sous 30 jours,
ce bioplastique permettrait de virtuellement substituer 50%
des plastiques traditionnels présents sur le marché
Américain. Devant ces merveilleuses perspectives, il
dépose plus de 80 brevets pour protéger ses
découvertes et décide, en 1992, de fonder Metabolix
Inc.
L’idée est de conquérir une part des 150
millions de tonnes produites chaque année aux Etats-Unis
par des géants de la Chimie tels que Dow, Cargill ou
Dupont. Pour cela, il faut prouver que cette technologie est
viable économiquement. Durant les années qui
suivent, grâce au soutien du département de l’Energie,
Oliver va s'évertuer à réduire le coût
de fabrication du PHA pour arriver à 1 US$ le kilo
(encore légèrement supérieur au coût
d’un kilo issu de dérivés pétrochimiques).
Il découvre aussi que « les PHAs peuvent être
produit à échelle industrielle en consommant
beaucoup moins d’énergie et en n’émettant
pas de gaz à effet de serre ».
Ses premiers clients se laissent séduire et parmi eux,
le Ministère de la Défense qui compte substituer
les couverts de toutes les rations distribuées aux
Soldats Américains à travers le monde. Depuis
quelques mois, Oliver et ses équipes vont encore plus
loin puisqu’ils se targuent, grâce à une
complexe manipulation génétique, de pouvoir
désormais produire le bioplastique directement dans
les plantes, au milieu de champs, imitant ainsi la photosynthèse.
Quand on lui demande ce qu’il manque désormais
à Metabolix pour tenir toutes ses promesses et devenir
une entreprise rentable, il nous répond sans hésiter
« un partenaire de grande envergure, capable d’investir
les dizaines de Millions de Dollars dans une première
usine et un poids politique pour barrer le chemin des grands
lobbys pétroliers, trop influents auprès du
Congrès ». Il nous confie que le partenariat
est déjà en-cours de négociation, qu’une
usine devrait voir le jour d’ici à la fin de
l’année, mais que pour les lobbys « c’est
une autre histoire » !
Alors que les manipulations génétiques agricoles
(les OGMs) sont au centre d’un grand débat mondial,
Oliver nous prouve ici qu’elles peuvent aider à
construire un monde plus propre, plus vert et engager un développement
plus respectueux de l’environnement. Souhaitons-lui
bonne chance !
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