Oliver
Peoples - Cambridge (Etats-Unis) - 1er Mars 2004
Le bioplastique, c'est
fantastique !
Le plastique,
comme beaucoup d’entre vous le savent déjà, est présent
partout autour de nous (dans les conditionnements alimentaires, les automobiles,
l’électronique…) et demeure indispensable à nos
modes de vie. Il présente cependant, comme les autres dérivés
pétrochimiques dont il fait partie, deux problèmes majeurs :
la dépendance en ressource naturelle finie (le pétrole brut)
et la persistance dans l’environnement de résidus qui mettent
plusieurs siècles à être biodégradés. Un
chercheur Écossais, basé à Cambridge dans le Massachusetts,
a peut-être trouvé une solution pour répondre à
ces deux enjeux. Il a mis au point une technologie fiable, compétitive
et écologiquement soutenable pour produire du plastique entièrement
biodégradable, et ce, en le tirant des plantes. Voici l’histoire
de celui qui est susceptible de créer au sein de l’industrie
pétrochimique mondiale, une vrai « Révolution Verte ».
Oliver Peoples est né dans un petit village de la région minière
d’Aberdeen en Ecosse. Brillant étudiant, il est un des tout premiers
au monde à passer son doctorat en ingénierie génétique
et se retrouve, tout naturellement, convié à approfondir ses
connaissances dans l’antre de la recherche scientifique mondiale : le
prestigieux Massachusetts Institute of Technology. Après 10 ans à
courir après ce que beaucoup considéraient comme une chimère,
il découvre une enzyme capable de « fabriquer » le bioplastique
PHA, le polyhydroxyalkanoate.
Le procédé est simple, on met dans une grande cocotte des restes
d’épis de maïs que l’on fait fermenter avec cette
enzyme « miracle » le temps voulu pour disposer de n’importe
quelle qualité de plastique désiré. Entièrement
biodégradable dans un environnement humide ou dans l’eau sous
30 jours, ce bioplastique permettrait de virtuellement substituer 50% des
plastiques traditionnels présents sur le marché Américain.
Devant ces merveilleuses perspectives, il dépose plus de 80 brevets
pour protéger ses découvertes et décide, en 1992, de
fonder Metabolix Inc.
L’idée est de conquérir une part des 150 millions de tonnes
produites chaque année aux Etats-Unis par des géants de la Chimie
tels que Dow, Cargill ou Dupont. Pour cela, il faut prouver que cette technologie
est viable économiquement. Durant les années qui suivent, grâce
au soutien du département de l’Energie, Oliver va s'évertuer
à réduire le coût de fabrication du PHA pour arriver à
1 US$ le kilo (encore légèrement supérieur au coût
d’un kilo issu de dérivés pétrochimiques). Il découvre
aussi que « les PHAs peuvent être produit à échelle
industrielle en consommant beaucoup moins d’énergie et en n’émettant
pas de gaz à effet de serre ».
Ses premiers clients se laissent séduire et parmi eux, le Ministère
de la Défense qui compte substituer les couverts de toutes les rations
distribuées aux Soldats Américains à travers le monde.
Depuis quelques mois, Oliver et ses équipes vont encore plus loin puisqu’ils
se targuent, grâce à une complexe manipulation génétique,
de pouvoir désormais produire le bioplastique directement dans les
plantes, au milieu de champs, imitant ainsi la photosynthèse.
Quand on lui demande ce qu’il manque désormais à Metabolix
pour tenir toutes ses promesses et devenir une entreprise rentable, il nous
répond sans hésiter « un partenaire de grande envergure,
capable d’investir les dizaines de Millions de Dollars dans une première
usine et un poids politique pour barrer le chemin des grands lobbys pétroliers,
trop influents auprès du Congrès ». Il nous confie que
le partenariat est déjà en-cours de négociation, qu’une
usine devrait voir le jour d’ici à la fin de l’année,
mais que pour les lobbys « c’est une autre histoire » !
Alors que les manipulations génétiques agricoles (les OGMs)
sont au centre d’un grand débat mondial, Oliver nous prouve ici
qu’elles peuvent aider à construire un monde plus propre, plus
vert et engager un développement plus respectueux de l’environnement.
Souhaitons-lui bonne chance !
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