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Entreprendre
pour changer le monde...
Le nombre d’associations citoyennes à but non-lucratif
a, au cours des deux dernières décennies, plus
que triplé à travers le monde. D’après
Bill Drayton, le fondateur d’Ashoka « les citoyens
ont développé une conscience aiguë de la
destruction de l’environnement, de l’exclusion,
des catastrophes sanitaires, des violations des droits humains
et des défaillances des systèmes d’éducation
». L’organisation qu’il a fondée
il y a plus de 20 ans supporte le travail d’entrepreneurs
sociaux, véritables innovateurs dont le leitmotiv est
de réaliser des changements sociaux majeurs, structurels
et durables et qui travaillent le plus souvent dans une organisation
qu'ils ont eux-même fondée, loin du confort des
grosses structures.
Bill Drayton est un romantique. Élevé à
New York, il grandit dans l’Amérique de Martin
Luther King, en pleine lutte pour la reconnaissance les droits
civiques. À 17 ans déjà, lui qui se qualifie
comme un « modeste activiste » se fait arrêter
en face de son lycée pour avoir défilé
et dénoncé la ségrégation raciale.
Fervent admirateur du mouvement de non-violence indien, il
organise à 20 ans un voyage en Van qui va le mener
de Munich à AhmedAbad en Inde pour se recueillir dans
l’Ashram de son modèle : Gandhi.
À son retour, il intègre les prestigieuses universités
d’Harvard puis d’Oxford avant de rentrer chez
Mc Kinsey, un grand cabinet de conseil Américain. Quelques
années plus tard, lors de la victoire des démocrates
aux présidentielles de 1976, on lui confie, avec d’autres,
le soin de dessiner l’administration Carter. Il prend
ensuite des responsabilités au sein de l’Environmental
Protection Agency, agence chargée de minimiser l’impact
des activités du pays sur l’environnement. Sous
l’administration Reagan, dont l’environnement
n’est pas franchement une des priorités, l’Agence
voit ses crédits drastiquement réduits et Bill
réintègre Mc Kinsey.
Mais cette fibre sociale ne le lâche pas. Il sait depuis
longtemps qu’une économie a besoin de l’énergie
et du dynamisme de nombreux entrepreneurs innovants, et qu’il
existe déjà de nombreux organismes chargés
de les aider. Il prend conscience que rien n'est fait dans
le domaine social et va désormais se charger d’y
remédier…
Depuis 1981, Ashoka soutient le travail de ces entrepreneurs
sociaux avec un appui financier initial de 3 ans leur permettant
de se consacrer à temps plein au développement
de leur projet, et en mettant à leur disposition de
nombreuses ressources. Parmi elle des formations, des bourses
de recherches, du coaching, des conférences thématiques,
des parrainages du secteur privé, des liens privilégiés
avec les médias et dans de nombreux pays, l’accès
à des partenaires privés pour le conseil stratégique,
la communication ou le conseil juridique.
Mais le principal intérêt est d'intégrer
le réseau d’Ashoka qui compte désormais
1 300 membres dans 44 pays (principalement en Asie, Amérique
latine, Afrique et Europe de l’Est), agissant dans des
domaines aussi variés que les Droits de l’Homme,
la préservation de l’environnement, l’accès
aux soins médicaux, l’action sociale ou le développement
économique.
Le processus de sélection d’Ashoka atteint un
niveau de fiabilité exceptionnel puisque 98% des entrepreneurs
financés (seuls les entrepreneurs sont aidés
directement, et non les entreprises) travaillent toujours
à temps plein sur leur projet 5 ans après leur
lancement. La grande majorité de ceux-ci sont reconnus
comme étant des leaders sur leur problématique
et trois sur quatre ont influencé ou modifié
la politique nationale dans leur domaine.
L’ultime but pour Bill Drayton est désormais
de développer des organismes de soutiens financiers
chargés d’aider ces jeunes pousses. Le processus
serait le même que pour des projets classiques, avec
fonds d’investissements et banques délivrants
des prêts, mais chargées de ne financer que des
projets sociaux et environnementaux. Car, contrairement à
une idée reçue, ces nombreuses entreprises,
bien gérées et disposant d’un marché
suffisant, sont rapidement et durablement profitables. Idéaliste
et dotés de rares qualités humaines, Bill conclut
notre entrevue en nous faisant observer que « pour changer
le monde il n’y a rien de plus fort qu’une idée
innovante dans les mains d’un entrepreneur social ».
A vous de jouer, Ashoka sera derrière vous !!
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