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Ca
se passe comme ça chez McDonough...
Imaginez l’immeuble le plus high tech possible. Ensuite,
imaginez les contraintes architecturales suivantes : construire
un édifice qui produit de l’oxygène, séquestre
du carbone, distille de l’eau, fonctionne intégralement
à l’énergie solaire, fournit un habitat
pour plus de 1000 espèces différentes et dont
l’apparence est agréable. Cet immeuble, c'est
un arbre. Bill McDonough est un architecte qui essaie d’imaginer
des édifices comme des arbres…
Bill est né à Tokyo et a vécu toute son
enfance à Hong Kong, où les pénuries
d’eau n’autorisaient que trois heures d’eau
courante tous les quatre jours. Cette enfance urbaine est
heureusement soulagée par des séjours fréquents
chez des grands-parents qui habitent sur la côte Ouest
des Etats-Unis, en nature sauvage. Il n’est donc pas
difficile de deviner quand a sonné pour lui le «
réveil écologique »… Bill s’engage
ainsi très tôt pour un monde plus « vert
». Sa voie est vite trouvée, il sera architecte.
En étudiant à Yale mais en pratiquant ses talents
aux quatre coins du globe, il construit des maisons pour les
nomades de Jordanie une saison et la première maison
à énergie solaire d’Irlande une autre.
Ce parcours atypique rend Bill McDonough singulier dans le
milieu des « experts » environnementaux, il est
foncièrement optimiste. Conscient des enjeux, il commence
toujours par faire adhérer ses clients à sa
vision d’un monde meilleur : « Un monde fonctionnant
aux énergies renouvelables, pleins d’objets sains
et sûrs, économiquement, écologiquement,
équitablement et élégamment déployés.
» Le drame actuel, selon lui est qu’on ne rêve
plus du monde que l’on veut laisser à nos enfants,
or sans objectifs, on ne va nulle part. Aussi Bill s’attelle-t-il
à imaginer, à inventer et à dessiner
des objets, des maisons des immeubles ou des usines, qui sont
des étapes vers le rêve auquel il croit. Et son
succès auprès des grandes multinationales est
étonnant.
Pour Nike ou Gap, il imagine des immeubles de bureaux,
écologiquement et économiquement efficaces où
l’on ressort en ayant l’impression d’avoir
passé la journée dehors. Le Collège Oberlin
dans l’Ohio, qu’il a imaginé, est un immeuble
qui produit plus d’énergie qu’il n’en
consomme grâce à un toit de panneaux solaires
et de larges fenêtres. Pour Ford, il travaille sur un
projet de refondation de l’usine emblématique
de la marque pour y constuire un toit de 10 hectares de verdure
servant d’habitat aux oiseaux, trop longtemps absents
du lieu. Le toit n’a rien d’un anecdote «
verte » de rapport de Développement Durable.
Il permet d’isoler l’usine, de filtrer les émissions,
de rediriger l’eau de pluie vers la rivière sans
pollution et assurera à Ford d’économiser
des millions…
Bill s’est aussi associé avec Michael Braungart,
un chimiste, ancien activiste de Greenpeace avec lequel il
a fondé une agence de design extrêmement créative.
Ses travaux sont à l’origine de commercialisation
de la première matière textile compostable,
c’est-à-dire biodégradable entièrement,
mais aussi des semelles de chaussures recyclables pour Nike
ou des produits de cosmétiques sains pour nous et pour
l’environnement.
Son discours tourne autour de trois catégories de produits,
les « consommables » qui doivent en fin de vie
être biodégradables, les « produits de
service» qui doivent être recyclés intégralement
et enfin les « invendables » qui doivent disparaître…
Qui souhaiterait laisser à l’ensemble de ces
descendants ne serait-ce qu’un kilo de déchets
nucléaires, de dioxine ou de métaux lourds et
la responsabilité de les surveiller éternellement
? En revanche, dans un monde où les voitures seraient
propulsées au solaire, entièrement recyclées
en fin de vie et où les pneus se dégradent sans
risque, pourquoi s’empêcher de rouler autant qu’on
le souhaite ?
C’est donc une nouvelle révolution industrielle
dans laquelle Bill nous invite à entrer. Pour construire
un monde où le concept de déchet est à
bannir de son vocabulaire, où l’imagination et
le « fun » reprennent le pouvoir pour faire les
choses bien, au lieu de se contenter (sous la contrainte)
à les faire moins mal… Ambitieux sans doute mais
comme le disait Oscar Wilde, « Il est important d'avoir
des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre
de vue lorsqu'on les poursuit ».
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