50% de la flotte Flexcar est constituée de véhicules
hybrides.
Ouverture automatique à carte, démarrage à
code et transfert des données par satellite, le concept
Flexcar est rapide, moderne et sans paperasseries.
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Et
si on faisait caisse commune ?
Allumez la télé aux Etats-Unis et vous tomberez
certainement sur de nombreux et interminables débats
sur l’occupation de l’Irak, sur la dépendance
Américaine en pétrole et sur les effets dévastateurs
du réchauffement climatique. Notre sentiment est que
si les Etats-Unis, auparavant très en avance sur les
grands enjeux écologiques, changent leur politique
pour réduire leur consommation en combustibles fossiles
et leurs émissions de gaz à effet de serre,
cela ne viendra pas de la Maison Blanche (en tout cas pas
de cette administration !) mais d’entrepreneurs visionnaires.
À Seattle, nous avons rencontré Neil Peterson,
le fondateur de Flexcar, une société de «
car-sharing »* dont l’objectif est de changer
durablement la manière dont les Américains se
déplacent.
Neil a passé toute sa carrière dans le secteur
des transports publics. Auparavant directeur de la mobilité
dans des villes telles que Seattle, Los Angeles et San Francisco,
sa problématique a toujours été de réduire
les déplacements en voiture et de convaincre la population
urbaine d’adopter le bus, le tram ou le métro.
Toujours à l’affût de nouvelles idées,
il passait chaque année 2 semaines en Europe pour étudier
les innovations françaises, anglaises, ou allemandes
en la matière. C’est lui, par exemple, qui est
à l’origine des premiers bus hybrides (fonctionnant
au gaz et à l’électricité) ou des
bus à soufflets (deux fois plus longs et qui s’articulent
au milieu) qu'il avait pu observer en Europe.
Lors d’un de ses déplacements en Suisse, il découvre
le principe de car-sharing, inventé sur le vieux continent
à la fin des années 80. L’idée
est simple. Pour un abonnement annuel de 25 US$, les membres
réservent un des véhicules de la flotte –
stationné sur des places reservées de la ville
– par téléphone ou sur Internet, l’ouvrent
avec une carte électronique et à leur retour,
les données de leur périple sont transmises
à Flexcar par satellite pour la facturation. Le prix
modique, entre 6 et 9 US$ de l’heure, comprend l’utilisation
du véhicule, le kilométrage, l’essence
et l’assurance.
Fasciné par le concept, Neil rentre aux Etats-Unis
et tente de proposer son projet à de grands groupes
de location tels qu’Hertz ou Budget. Sans réponse
de leur part, il s’associe aux transports publics de
Seattle pour créer en 2000, la première société
de car-sharing d’Amérique du Nord. Grâce
à un investissement personnel modeste, il débute
son activité avec deux voitures disponibles dans le
centre-ville. Il communique discrètement sur des espaces
loués gratuitement dans le métro ou par la municipalité,
obtient une couverture médiatique importante et le
bouche-à-oreille fait le reste.
Après des débuts difficiles, il a réussi
à convaincre les municipalités de 7 grandes
métropoles Américaines (Seattle, Los Angeles,
Washington, Chicago, Portland…), compte plus de 20 000
membres pour une flotte de 350 véhicules et se positionne
comme le leader incontesté sur ce marché. La
moitié de la flotte est constituée d’Honda
Hybrides fonctionnant au gaz et à l’électricité.
En 2003, un grand engagement a été pris pour
devenir la première société américaine
totalement "neutre en carbone". L’objectif,
qui sera atteint courant 2004, est de compenser les émissions
de gaz à effet de serre émises par les véhicules
Flexcar à travers le pays en plantant, en collaboration
avec des ONG, des arbres qui fixent le carbone.
Non seulement, Neil permet de réduire le nombre de
véhicules en circulation, la consommation énergétique
liée à leur production et à leur utilisation,
les embouteillages, les gaz à effet de serre et la
pollution, mais le client final s’y retrouve grandement.
Deuxième poste de dépenses des Américains
après le logement, à 600 US$ de moyenne mensuelle,
les utilisateurs de Flexcar n'atteignent pas le 100 US$. Plus
de 60% d’entre eux ont revendu leur précédent
véhicule ou ont renoncé à en acheter
un nouveau.
Malgré une rapide croissance du chiffre d’affaires
et l’espérance d’équilibre financier
d’ici fin 2004 (pour cause de stratégie agressive
et d’investissements importants dans de nouvelles villes),
le concept se heurte à la sacro sainte barrière
psychologique du sentiment de propriété. Avoir
son bolide, même rarement utilisé dans un garage,
c'est être "quelqu'un". C’est pour cela
que la majorité des clients individuels de Flexcar
sont des jeunes urbains ou des personnes de plus de 50 ans
dont les enfants ont quitté le nid, c'est à
dire modernes ou n'ayant plus rien à se prouver.
Neil nous confie que son objectif est d’être présent
dans les 30 plus grandes métropoles américaines
d’ici 5 ans, et sans être un activiste particulièrement
virulent, de convaincre que « tout le monde gagne à
utiliser cette alternative ». Nous le sommes depuis
longtemps, et vous ?
*Car-Sharing : littéralement « autopartage».
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