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Un nouveau modèle d'entreprise citoyenne.
Give Something Back* est l’un des 5 plus grands grossistes
en fournitures de bureaux de la Baie de San Francisco. Avec
un chiffre d’affaires de 21 Millions d’Euros,
en croissance chaque année de 30% depuis 1991, il est
un sérieux concurrent de géants tels qu’Office
Dépôt ou Stapples. Il reverse cependant chaque
année plus de 70% de ses bénéfices à
des associations caritatives. Son fondateur, Mike Hannigan,
nous explique son parcours et ce qui l’a poussé
à créer ce nouveau modèle d’entreprise
citoyenne.
Formé à Berkeley, politiquement la plus engagée
et la plus contestataire des Universités Américaines
au début des années 70, Mike devient très
vite un activiste. Il est de toutes les manifestations anti-guerre,
et, sans doute très « baba-cool », il nous
confie avoir passé plus de temps sur sa planche de
surf que sur les bancs de la fac. Pourtant, en 1976, il obtient
son diplôme de sociologie et se résigne à
rentrer dans la vie active.
Il est embauché un peu par hasard chez Xerox en tant
qu’agent de recouvrement et y grimpe petit à
petit les échelons. Quelques années plus tard,
il est débauché pour prendre en charge l’administration
et les finances d’un tout petit concurrent d’alors
: Ricoh. Il participe à l’incroyable développement
du groupe mais demeure très engagé. Membre de
plusieurs organisations, il s’insurge et défile
contre la politique de l’administration Reagan et les
coups tordus fomentés par la CIA en Amérique
Latine.
En 1988, il est contacté par un investisseur pour prendre
le contrôle et la direction d’un petit grossiste
de Santa Rosa. Très motivé par ce nouveau challenge,
il se rend sur place, mais prend rapidement conscience que
son employeur n’est pas très honnête. Celui-ci
refuse de payer l’ancien propriétaire la totalité
de ce qu’il lui doit et Mike, très à cheval
sur la parole donnée, se rebelle. Il est rapidement
remercié sans raison et se retrouve du jour au lendemain
sans emploi.
Ruiné financièrement et incapable de se payer
un avocat talentueux, il se plonge dans les manuels de droits
qu’il trouve à la bibliothèque. Il met
un an à réunir tous les éléments
nécessaires à monter son dossier et décide
de le défendre lui-même. Après de longues
nuits sans dormir et d’interminables pourparlers, il
remporte l’affaire et reçoit, en compensation,
la somme de 300.000 €.
« C’était assez pour enfin faire quelque
chose de bien ». Il s’associe avec un ami spécialiste
de la vente et du marketing et décide de lancer sa
propre PME. « Je ne voulais pas d’une entreprise
comme les autres où seuls les fondateurs ou les actionnaires
s’enrichissent. Pour une fois, je pouvais associer ma
profession avec ma vie associative pour le bien de la communauté
». Depuis 12 ans maintenant, 3 millions d’€
ont été distribués. Les 100 employés,
les clients et les fondateurs prennent part chaque année
à des élections pour savoir quelles sont les
associations qui vont bénéficier des dons. En
2003 par exemple, les 150 ONG lauréates agissent dans
des secteurs aussi divers que la protection médicale,
les banques de la faim, les centres pour sans-abri, les groupements
de revendication pour le droit des animaux ou les enfants
maltraités…
Mais dès le début, son discours auprès
de ses clients était centré sur la qualité
de ses produits et de ses services et non sur ses pratiques
sociales. « Nous sommes une entreprise comme les autres
qui a besoin d’être performante pour gagner de
nouveaux clients et se développer ».
Rêveur et utopiste, il croit voir naître un nouveau
capitalisme à visage humain qui grâce au marché
participe à résoudre plus de problèmes
qu’il n’en crée. « L’unique
question à se poser lorsqu’on est entrepreneur
est de savoir pourquoi on l’est». Mike a le mérite
d’avoir trouvé sa réponse…
*Give Something Back : Donner quelques chose en retour.
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