Mike
Hannigan - Oakland (Etats-Unis) - 29 Janvier 2004
Un nouveau modèle
d'entreprise citoyenne.
Give
Something Back* est l’un des 5 plus grands grossistes en fournitures
de bureaux de la Baie de San Francisco. Avec un chiffre d’affaires de
21 Millions d’Euros, en croissance chaque année de 30% depuis
1991, il est un sérieux concurrent de géants tels qu’Office
Dépôt ou Stapples. Il reverse cependant chaque année plus
de 70% de ses bénéfices à des associations caritatives.
Son fondateur, Mike Hannigan, nous explique son parcours et ce qui l’a
poussé à créer ce nouveau modèle d’entreprise
citoyenne.
Formé à Berkeley, politiquement la plus engagée et la
plus contestataire des Universités Américaines au début
des années 70, Mike devient très vite un activiste. Il est de
toutes les manifestations anti-guerre, et, sans doute très «
baba-cool », il nous confie avoir passé plus de temps sur sa
planche de surf que sur les bancs de la fac. Pourtant, en 1976, il obtient
son diplôme de sociologie et se résigne à rentrer dans
la vie active.
Il est embauché un peu par hasard chez Xerox en tant qu’agent
de recouvrement et y grimpe petit à petit les échelons. Quelques
années plus tard, il est débauché pour prendre en charge
l’administration et les finances d’un tout petit concurrent d’alors
: Ricoh. Il participe à l’incroyable développement du
groupe mais demeure très engagé. Membre de plusieurs organisations,
il s’insurge et défile contre la politique de l’administration
Reagan et les coups tordus fomentés par la CIA en Amérique Latine.
En 1988, il est contacté par un investisseur pour prendre le contrôle
et la direction d’un petit grossiste de Santa Rosa. Très motivé
par ce nouveau challenge, il se rend sur place, mais prend rapidement conscience
que son employeur n’est pas très honnête. Celui-ci refuse
de payer l’ancien propriétaire la totalité de ce qu’il
lui doit et Mike, très à cheval sur la parole donnée,
se rebelle. Il est rapidement remercié sans raison et se retrouve du
jour au lendemain sans emploi.
Ruiné financièrement et incapable de se payer un avocat talentueux,
il se plonge dans les manuels de droits qu’il trouve à la bibliothèque.
Il met un an à réunir tous les éléments nécessaires
à monter son dossier et décide de le défendre lui-même.
Après de longues nuits sans dormir et d’interminables pourparlers,
il remporte l’affaire et reçoit, en compensation, la somme de
300.000 €.
« C’était assez pour enfin faire quelque chose de bien
». Il s’associe avec un ami spécialiste de la vente et
du marketing et décide de lancer sa propre PME. « Je ne voulais
pas d’une entreprise comme les autres où seuls les fondateurs
ou les actionnaires s’enrichissent. Pour une fois, je pouvais associer
ma profession avec ma vie associative pour le bien de la communauté
». Depuis 12 ans maintenant, 3 millions d’€ ont été
distribués. Les 100 employés, les clients et les fondateurs
prennent part chaque année à des élections pour savoir
quelles sont les associations qui vont bénéficier des dons.
En 2003 par exemple, les 150 ONG lauréates agissent dans des secteurs
aussi variés que la protection médicale, les banques de la faim,
les centres pour sans-abri, les groupements de revendication pour le droit
des animaux ou les enfants maltraités…
Mais dès le début, son discours auprès de ses clients
était centré sur la qualité de ses produits et de ses
services et non sur ses pratiques sociales. « Nous sommes une entreprise
comme les autres qui a besoin d’être performante pour gagner de
nouveaux clients et se développer ».
Rêveur et utopiste, il croit voir naître un nouveau capitalisme
à visage humain qui grâce au marché participe à
résoudre plus de problèmes qu’il n’en crée.
« L’unique question à se poser lorsqu’on est entrepreneur
est de savoir pourquoi on l’est». Mike a le mérite d’avoir
trouvé sa réponse…
*Give Something Back : Donner quelque chose en retour.
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