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La gestion durable du bois : une vraie mine !
Faber-Castell, un des leaders mondiaux de l’écriture,
présent dans 120 pays, spécialisé dans
la vente de crayons à papier, est le seul groupe de
ce secteur à gérer durablement ses besoins en
bois. Comment ce groupe bicentenaire arrive à concilier
son nécessaire développement économique
avec une lutte active contre la déforestation ?
Société familiale créée en 1761,
son actuel président est fier de nous dire qu'elle
fut pionnière dans sa politique sociale. À titre
d’exemple, dès 1844 fut instauré un système
de Sécurité Sociale pour ses employés,
bien avant les premières lois sociales en Allemagne.
En 1978, suite au décès de son père,
Anton Wolfgang reprend les rênes du groupe. Suite à
des problèmes d’approvisionnements au début
des années 1980, une des premières décisions
de ce jeune patron sera de créer une véritable
« usine à bois » qui devra satisfaire les
besoins de l’entreprise en pleine croissance. En 1981,
Faber-Castell s’implante à Prata, dans le Mato
Grosso do Sul, un Etat situé au sud-ouest de l’Amazonie
au Brésil. L’idée est simple, planter
10.000 hectares de forêts de pins dans un premier temps
et une fois à maturité, replanter chaque arbre
coupé.
Selon M. Faber-Castell, le début des activités
ne fut pas facile. Choix du bois difficile, qualité
insuffisante, logistique entre le Brésil et l’Allemagne,
difficulté à former les équipes sur place,
autant de problèmes à gérer qui venaient
remettre en cause chaque jour un investissement, qui de toute
façon, verrait naître son premier arbre «
utilisable » seulement 11 ans après sa plantation
! Après des phases de test sur 4 ans, les premiers
hectares furent plantés, et ce n’est qu’en
1996 que les premiers arbres furent utilisés pour la
production des crayons Faber-Castell.
Sept années après, c’est 90 % du bois
consommé par les usines du groupe qui provient de ces
plantations certifiées FSC (le Forest Stewartship Council,
voir lexique). C’est 20
mètres cube de bois planté chaque heure et 2,5
Millions de jeunes arbres qui aident à produire les
1,5 Milliards de crayons qui sortent des usines chaque année.
Selon lui, les motivations de ce choix étaient multiples.
Bien que sensibilisé très jeune par son père
aux questions environnementales, c’est pour des raisons
évidentes de maîtrise des coûts et de la
qualité du bois que la décision fut prise. L’aspect
écologique de cette gestion venait parfaire sa stratégie
et s’est révélé être un formidable
moyen de motivation pour ses salariés Brésiliens
et Allemands.
Une fois de plus, M. Faber-Castell nous confirme que le fait
que cette société soit détenue par sa
famille et non cotée sur les marchés financiers
aide son management à raisonner à plus long
terme. Ainsi, c’est seulement après 15 ou 20
ans d’investissement financier, humain et écologique
que les premiers effets positifs se sont fait sentir. Lorsque
que l’on doit rendre des comptes sur sa gestion 2 ou
4 fois par an comme aux Etats-Unis, ce type de décision
est plus délicat et surtout moins rémunérateur
à court terme pour le dirigeant.
Il nous répète que sa gestion demeure prudente
et minimise son succès. Pour lui, le Développement
Durable est avant tout une démarche d’effort
continu, qui petit à petit tire son entreprise et son
impact social et environnemental vers le haut.
Ainsi, pas des grands projets spectaculaires pour les 5 ans
qui viennent mais une amélioration graduelle de ce
qui existe déjà. Passer à 100% de bois
« durable », faire certifier ISO 14001 (norme
environnementale, voir lexique)
tous ses sites de production, commencer à contrôler
ses fournisseurs sur leurs pratiques en les incitant à
s’améliorer plutôt qu’en les sanctionnant,
continuer paisiblement les actions de développement
et d’éducation au Brésil… Voilà
un bon exemple de gestion en bon père de famille :
et si c’était ça le Développement
Durable ?
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