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Tout
pour les tortues...
Lorsque nous nous sommes lancés dans cette aventure
avec pour objectif de rencontrer des « exemples de vie
réussies », c’est exactement celle des
Marcovaldi que nous souhaitions découvrir et vous raconter.
Ce couple, amoureux comme au premier jour, respire le bonheur
et l’épanouissement. Ayant consacré leur
vie à la sauvegarde des tortues marines de la côte
Brésilienne, ils sont à l’origine d’un
des projets les plus renommés dans le monde pour la
sauvegarde de la biodiversité. Leur passion c’est
la tortue de mer.
Tout a commencé pour eux lors de leurs études
communes en océanographie à Rio Grande, ville
côtière de l’Etat le plus Austral du Brésil.
Inspirés par un professeur passionnant et collectionneur
de mollusques, ils consacrent leurs temps de vacances à
découvrir les plages inexplorées du Nordeste
Brésilien avec entre autres objectifs de lui rapporter
quelques spécimens. Nous sommes à la fin des
années 70, ils dorment dans des camps de fortune et
ressemblent plus à un groupe de jeunes hippies qu’à
des scientifiques sur un champ d’exploration de gastéropodes.
Au cours de ces camps, le groupe de jeunes amis dont faisaient
partie Guy et Neca découvraient régulièrement
d’étranges traces sur le sable, ils ne pouvaient
pas reconnaître le parcours des tortues marines, leurs
professeurs en océanographie leur avaient enseigné
qu’au Brésil, il n’y en avait pas. Leur
découverte fut des plus brutales. Une nuit, ils surprennent
les pêcheurs locaux en train de massacrer onze tortues
géantes devant leur campement, et s’interposent.
C’est le moment déclencheur d’une vie de
combat pour la sauvegarde d’un des plus attachants reptiles
marins, la tortue.
Les menaces décimant les populations de tortues sont
nombreuses et principalement dues à la malveillance
humaine. Il était à l’époque courant
pour les populations de pêcheurs de chasser la tortue
pour fabriquer des objets d’artisanat ou des bijoux
avec sa carapace, et les œufs de tortue cuits par le
soleil dans le sable faisaient le régal des gastronomes
en mal de d’exotisme.
En 1980, le projet Tamar naît grâce à une
prise de conscience que le Brésil est le seul des pays
du continent Américain à ne rien faire pour
préserver la faune marine, en particulier la tortue,
pourtant reconnue mondialement comme une espèce menacée.
Mais le plus difficile ne fut pas tant d’obtenir des
financements publics que de convaincre les populations locales
de modifier leurs pratiques. L’affrontement direct et
l’interdiction par la force ne s’avère
pas la meilleure des solutions face à des pères
de famille, qu tente de nourrir leurs enfants avec les revenus
de leurs pêches, même interdite.
C’est à Praia do Forte à quelques heures
de route de Salvador de Bahia, que la solution va naître
grâce à l’aide d’un propriétaire
inspiré. Klaus Peters est un entrepreneur de Sao Paulo
qui a racheté un immense terrain en bord de mer avec
le projet fou de transformer ce village de pêcheurs
loin de tout en un modèle d’écotourisme.
Son entente avec le couple Marcovaldi est rapide et évidente.
Cette complémentarité permet d’accomplir
un rêve commun, mais surtout permet un essor économique
incroyable, dont la population locale bénéficie
depuis largement.
Avec comme navire amiral le centre de Praia do Forte, le projet
Tamar a installé depuis plus de 20 bases qui surveillent
près de 1000 kilomètres de côtes brésiliennes
qui en compte 8000. Pas moins de 600 000 œufs de tortues
éclosent et sont enregistrés chaque année
sur les plages surveillées et les différents
centres sont visités par 1,5 Million de personnes chaque
année. Cette affluence touristique, Guy et Neca ont
su le transformer en revenu grâce à une stratégie
marketing et promotionnelle bien conçue. On peut parrainer
une tortue pour quelques euros par an, et aucune visite de
site ne se conclut sans un passage par une des boutiques qui
vend tout un tas d’objets et de vêtements aux
couleurs du projet. Ne vous y trompez pas, ces ventes n’ont
rien d’anecdotique, elles génèrent près
d’un tiers des revenus du projet et font de la fondation
Tamar le premier employeur de la région avec 2 usines
de confection (t-shirts, sacs, maillots de bains, peluches…)
et plus de 500 collaborateurs et a permis à de nombreuses
familles de pêcheurs de générer un second
revenu.
Aujourd’hui, Praia do Forte est un village charmant
qui a su se transformer en centre touristique sans détruire
son centre et renier sa tradition. Les anciens pêcheurs
qui gagnaient leur vie en tuant les tortues gagnent aujourd’hui
davantage grâce à leur conservation. Quant à
Guy et Neca, ils attendent avec impatience le retour des premiers
bébés tortues, nés sous leur protection
qui, devenus adultes, devraient revenir à leur plage
de naissance pour pondre cette fois… Déjà,
Guy nous affirme qu’il en a reconnu quelques-uns, et
le regard tendre et moqueur que pose alors sur lui Neca nous
laisse bien rêveurs…
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