Guy & Neca Marcovaldi - Praia do Forte (Brésil) - 28 Avril 2004

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Tout pour les tortues...


Lorsque nous nous sommes lancés dans cette aventure avec pour objectif de rencontrer des « exemples de vie réussies », c’est exactement celle des Marcovaldi que nous souhaitions découvrir et vous raconter. Ce couple, amoureux comme au premier jour, respire le bonheur et l’épanouissement. Ayant consacré leur vie à la sauvegarde des tortues marines de la côte Brésilienne, ils sont à l’origine d’un des projets les plus renommés dans le monde pour la sauvegarde de la biodiversité. Leur passion c’est la tortue de mer.

Tout a commencé pour eux lors de leurs études communes en océanographie à Rio Grande, ville côtière de l’Etat le plus Austral du Brésil. Inspirés par un professeur passionnant et collectionneur de mollusques, ils consacrent leurs temps de vacances à découvrir les plages inexplorées du Nordeste Brésilien avec entre autres objectifs de lui rapporter quelques spécimens. Nous sommes à la fin des années 70, ils dorment dans des camps de fortune et ressemblent plus à un groupe de jeunes hippies qu’à des scientifiques sur un champ d’exploration de gastéropodes. Au cours de ces camps, le groupe de jeunes amis dont faisaient partie Guy et Neca découvraient régulièrement d’étranges traces sur le sable, ils ne pouvaient pas reconnaître le parcours des tortues marines, leurs professeurs en océanographie leur avaient enseigné qu’au Brésil, il n’y en avait pas. Leur découverte fut des plus brutales. Une nuit, ils surprennent les pêcheurs locaux en train de massacrer onze tortues géantes devant leur campement, et s’interposent. C’est le moment déclencheur d’une vie de combat pour la sauvegarde d’un des plus attachants reptiles marins, la tortue.

Les menaces décimant les populations de tortues sont nombreuses et principalement dues à la malveillance humaine. Il était à l’époque courant pour les populations de pêcheurs de chasser la tortue pour fabriquer des objets d’artisanat ou des bijoux avec sa carapace, et les œufs de tortue cuits par le soleil dans le sable faisaient le régal des gastronomes en mal de d’exotisme.

En 1980, le projet Tamar naît grâce à une prise de conscience que le Brésil est le seul des pays du continent Américain à ne rien faire pour préserver la faune marine, en particulier la tortue, pourtant reconnue mondialement comme une espèce menacée. Mais le plus difficile ne fut pas tant d’obtenir des financements publics que de convaincre les populations locales de modifier leurs pratiques. L’affrontement direct et l’interdiction par la force ne s’avère pas la meilleure des solutions face à des pères de famille, qu tente de nourrir leurs enfants avec les revenus de leurs pêches, même interdite.
C’est à Praia do Forte à quelques heures de route de Salvador de Bahia, que la solution va naître grâce à l’aide d’un propriétaire inspiré. Klaus Peters est un entrepreneur de Sao Paulo qui a racheté un immense terrain en bord de mer avec le projet fou de transformer ce village de pêcheurs loin de tout en un modèle d’écotourisme. Son entente avec le couple Marcovaldi est rapide et évidente. Cette complémentarité permet d’accomplir un rêve commun, mais surtout permet un essor économique incroyable, dont la population locale bénéficie depuis largement.

Avec comme navire amiral le centre de Praia do Forte, le projet Tamar a installé depuis plus de 20 bases qui surveillent près de 1000 kilomètres de côtes brésiliennes qui en compte 8000. Pas moins de 600 000 œufs de tortues éclosent et sont enregistrés chaque année sur les plages surveillées et les différents centres sont visités par 1,5 Million de personnes chaque année. Cette affluence touristique, Guy et Neca ont su le transformer en revenu grâce à une stratégie marketing et promotionnelle bien conçue. On peut parrainer une tortue pour quelques euros par an, et aucune visite de site ne se conclut sans un passage par une des boutiques qui vend tout un tas d’objets et de vêtements aux couleurs du projet. Ne vous y trompez pas, ces ventes n’ont rien d’anecdotique, elles génèrent près d’un tiers des revenus du projet et font de la fondation Tamar le premier employeur de la région avec 2 usines de confection (t-shirts, sacs, maillots de bains, peluches…) et plus de 500 collaborateurs et a permis à de nombreuses familles de pêcheurs de générer un second revenu.

Aujourd’hui, Praia do Forte est un village charmant qui a su se transformer en centre touristique sans détruire son centre et renier sa tradition. Les anciens pêcheurs qui gagnaient leur vie en tuant les tortues gagnent aujourd’hui davantage grâce à leur conservation. Quant à Guy et Neca, ils attendent avec impatience le retour des premiers bébés tortues, nés sous leur protection qui, devenus adultes, devraient revenir à leur plage de naissance pour pondre cette fois… Déjà, Guy nous affirme qu’il en a reconnu quelques-uns, et le regard tendre et moqueur que pose alors sur lui Neca nous laisse bien rêveurs…


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Pour en savoir + :

Le site du Projeto Tamar

Notre reportage sur
le Projeto Tamar