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Moni Malhoutra, un bureaucrate devenu constructeur de puits...
La carrière de Moni Malhoutra a été à
la hauteur des rêves de n’importe quel jeune fonctionnaire
issu du prestigieux corps de l’« Indian Administrative
Service ». Il a, pendant plus de 7 ans, conseillé
Indira Gandhi, la fille de Nehru, la plus puissante et respectée
Premier Ministre du paysage politique indien depuis son père.
Au sein du cabinet, il est en particulier responsable des
questions de développement et d’environnement,
sujet extrêmement sensible dans ce pays ravagé
par la famine et les problèmes écologiques.
Puis, sa formation à Oxford et son expérience
lui offrent la possibilité de travailler au sein de
l’administration du Commonwealth à Londres où
il se spécialise sur les problématiques de résolution
de conflit. Son travail l’amène à rencontrer
Mandela en prison en 1986 et à engager les procédures
qui aboutiront à sa libération. Il est aussi
envoyé en Birmanie pour tenter de faire dialoguer les
parties adverses de la guerre civile qui ravage le pays.
Comment un haut fonctionnaire de ce niveau se retrouve à
la tête d’une petite équipe de 45 volontaires
dont l’activité peut paraître plus basique,
construire des réservoirs pour les puits, animer des
librairies ou assurer des soutiens psychologiques dans des
villages ruraux ?
M. Malhoutra, sans se dévoiler, nous a, au court de
l’entretien, fourni plusieurs réponses. D’abord
son admiration pour Indira Gandhi ne lui aurait, pour rien
au monde, fait refuser de prendre la tête d’une
fondation qui porte le nom de son fils, lui aussi devenu Premier
Ministre et assassiné au cours de son mandat. Mais
c’est sans doute et surtout parce qu’au cours
de ses cinq premières années de fonctionnaires,
il a arpenté les villages de l’Inde et s’est
aperçu que les problèmes se résolvent
souvent plus vite au contact du terrain.
Les projets de la Rajiv Gandhi Foundation sont souvent simples
et toujours financés à hauteur d’1/3 par
les populations locales ce qui garantit autant leur réelle
utilité que leur pérennité.
À titre d’exemple, l’un des problèmes
les plus récurrents de l’Inde est son approvisionnement
en eau. Et le souci n’est pas tant qu’il n’y
a pas d’eau, mais que la moitié des précipitations
d’un mois tombe en une seule journée et que celle-ci
n’est pas conservée. C’est pour cette raison
que la RGF a financé près de 90 mini barrages
qui permettent de stocker des étangs d’eau qui
viendront alimenter les puits des villages alentours avec
une eau filtrée de la meilleur façon qui soit
par 50 mètres de terre.
Partant du principe que pour être durable, le développement
rural doit être assuré par les villageois eux-mêmes,
la RGF met un point d’honneur à les faire participer
et agit seulement en qualité de « soutien financier
».
Par exemple, elle finance aussi des librairies dans les villages
reculés, mais laisse les communautés les gérer
elles-mêmes. Au cours de la visite de l’une d’elle
M. Malhoutra fut surpris d’apprendre que non seulement
ces lieux devenaient le lieu de débat d’idées
pour le bien des villages, mais que l’actualité
internationale, telle que l’intervention américaine
en Irak était aussi débattue…
Une de ses dernières préoccupations majeures
est la montée du terrorisme. Il a donc décidé
d’attaquer le mal à la racine en lançant
un programme de soutien psychologique aux orphelins de la
guerre au Cachemire afin d’éviter qu’ils
alimentent les rangs des fanatiques hindous ou musulmans.
Selon lui, tout le monde en Inde est conscient des problèmes
du pays mais il y a ceux qui se forcent à oublier et
ceux qui décident d’essayer de changer les choses.
Notre rencontre avec ce personnage élégant et
attachant et la visite des villages ayant bénéficié
des programmes nous a convaincu que nous avions à faire
à un homme de la deuxième catégorie.
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