Peter Koppert - Berkel en Rodenrijs (Pays-Bas) - 23 Juin 2003

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"Laissez la Nature faire son travail..."

L’histoire de la société Koppert est avant tout celle d’une famille. Le père Jan, fut le premier hollandais à créer une ferme biologique au début des années 60. Si vous l’imaginiez militant engagé, conscient des grands enjeux du monde et prêt à en découdre avec tous les puissants pour défendre son modèle, vous vous trompez.


Le père de cette famille d’agriculteurs était tout simplement allergique aux produits chimiques, engrais et pesticides que les pratiques agricoles d’alors imposaient de diffuser dans les serres avec un rythme éreintant. Et ce, d’autant plus qu’il fallait enfiler une combinaison d’astronaute, dans laquelle la chaleur et l’humidité ne rendaient pas la tâche agréable. C’est donc très pragmatiquement que cet agriculteur « Géo Trouvetou » chercha à développer des moyens plus « naturels » et surtout moins contraignants de protéger ses plants.


Deux années plus tard, en 1967, le premier prototype était né. Pour lutter contre les insectes parasites dévorant ses concombres et de ses tomates, il allait introduire dans ses serres les insectes prédateurs de ces parasites. Idée géniale, imprégnée de bon sens et peu onéreuse qui permettait à la nature de faire son travail, aux végétaux de pousser en paix et à l’agriculteur de ne plus s’astreindre à des vaporisations épuisantes de fumées de pesticides, nocifs pour lui autant que pour l’environnement.


Les larves de ces insectes prédateurs furent d’abord distribuées aux fermes alentours, puis l’idée vint d’en faire une affaire, dont l’activité commença réellement au début des années 70 avec un prédateur vendu contre la mite araignée… Le milieu des années 70 fut plus laborieux et la société faillit péricliter, il fallait absolument trouver un prédateur contre la mouche blanche.


Les deux fils de Jan, Peter (que nous avons rencontré) et Paul durent reprendre les rennes de la société suite au décès de leur père en 1972. Leur profil assez complémentaire, Peter étant diplômé d’économie et Paul ingénieur, fut sans doute la raison du renouveau de Koppert. Le fameux problème de la mouche blanche, qui laissait perplexes les agriculteurs comme les fabricants de pesticides fut résolu suite à la découverte en Amazonie d’une petite guêpe qui allait se régaler…


Aujourd’hui, Koppert propose 17 produits différents, emploie 240 personnes et impose un secret absolu sur la façon dont les larves sont élevées, clé de la réussite d’un marché où rien n’est brevetable. Le chiffre d’affaires a atteint 40 Millions d’€ en 2002, et la croissance annuelle est de 5 à 10 %. Les fermes d’agriculture biologiques ne représentent que 5 % du chiffre d’affaires et près de 90 % des serres de tomates et de concombre en Europe utilisent les services de Koppert ou de sociétés équivalentes.


Le succès de systèmes naturels de contrôle des parasites est tel qu’aujourd’hui même les grands fabricants de pesticides chimiques recommandent une utilisation combinée où l’agriculteur utiliserait tout au long de l’année des services comme ceux de Koppert et ne pulvériserait le pesticide chimique plus qu’une seule fois par an. Cette gestion combinée ayant l’énorme avantage de prolonger le temps que mettront les parasites à développer une résistance au produit chimique qu’ils ne développeront jamais contre un insecte prédateur. Et pour l’agriculteur, il n’y a pas de surcoût car Koppert vend ses solutions naturelles au même prix que les pesticides habituellement utilisés.


Le plus surprenant dans notre rencontre avec Peter Koppert, c’est le sentiment de ne pas parler à un militant engagé, se référant à des idéaux supérieurs guidant son action, mais plutôt à un chef d’entreprise pragmatique, dont le bon sens et l’ingéniosité permettent aux agriculteurs de travailler dans des conditions plus confortables et en respectant davantage l’environnement.




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