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"Laissez
la Nature faire son travail..."
L’histoire de la société Koppert est
avant tout celle d’une famille. Le père Jan,
fut le premier hollandais à créer une ferme
biologique au début des années 60. Si vous l’imaginiez
militant engagé, conscient des grands enjeux du monde
et prêt à en découdre avec tous les puissants
pour défendre son modèle, vous vous trompez.
Le père de cette famille d’agriculteurs était
tout simplement allergique aux produits chimiques, engrais
et pesticides que les pratiques agricoles d’alors imposaient
de diffuser dans les serres avec un rythme éreintant.
Et ce, d’autant plus qu’il fallait enfiler une
combinaison d’astronaute, dans laquelle la chaleur et
l’humidité ne rendaient pas la tâche agréable.
C’est donc très pragmatiquement que cet agriculteur
« Géo Trouvetou » chercha à développer
des moyens plus « naturels » et surtout moins
contraignants de protéger ses plants.
Deux années plus tard, en 1967, le premier prototype
était né. Pour lutter contre les insectes parasites
dévorant ses concombres et de ses tomates, il allait
introduire dans ses serres les insectes prédateurs
de ces parasites. Idée géniale, imprégnée
de bon sens et peu onéreuse qui permettait à
la nature de faire son travail, aux végétaux
de pousser en paix et à l’agriculteur de ne plus
s’astreindre à des vaporisations épuisantes
de fumées de pesticides, nocifs pour lui autant que
pour l’environnement.
Les larves de ces insectes prédateurs furent d’abord
distribuées aux fermes alentours, puis l’idée
vint d’en faire une affaire, dont l’activité
commença réellement au début des années
70 avec un prédateur vendu contre la mite araignée…
Le milieu des années 70 fut plus laborieux et la société
faillit péricliter, il fallait absolument trouver un
prédateur contre la mouche blanche.
Les deux fils de Jan, Peter (que nous avons rencontré)
et Paul durent reprendre les rennes de la société
suite au décès de leur père en 1972.
Leur profil assez complémentaire, Peter étant
diplômé d’économie et Paul ingénieur,
fut sans doute la raison du renouveau de Koppert. Le fameux
problème de la mouche blanche, qui laissait perplexes
les agriculteurs comme les fabricants de pesticides fut résolu
suite à la découverte en Amazonie d’une
petite guêpe qui allait se régaler…
Aujourd’hui, Koppert propose 17 produits différents,
emploie 240 personnes et impose un secret absolu sur la façon
dont les larves sont élevées, clé de
la réussite d’un marché où rien
n’est brevetable. Le chiffre d’affaires a atteint
40 Millions d’€ en 2002, et la croissance annuelle
est de 5 à 10 %. Les fermes d’agriculture biologiques
ne représentent que 5 % du chiffre d’affaires
et près de 90 % des serres de tomates et de concombre
en Europe utilisent les services de Koppert ou de sociétés
équivalentes.
Le succès de systèmes naturels de contrôle
des parasites est tel qu’aujourd’hui même
les grands fabricants de pesticides chimiques recommandent
une utilisation combinée où l’agriculteur
utiliserait tout au long de l’année des services
comme ceux de Koppert et ne pulvériserait le pesticide
chimique plus qu’une seule fois par an. Cette gestion
combinée ayant l’énorme avantage de prolonger
le temps que mettront les parasites à développer
une résistance au produit chimique qu’ils ne
développeront jamais contre un insecte prédateur.
Et pour l’agriculteur, il n’y a pas de surcoût
car Koppert vend ses solutions naturelles au même prix
que les pesticides habituellement utilisés.
Le plus surprenant dans notre rencontre avec Peter Koppert,
c’est le sentiment de ne pas parler à un militant
engagé, se référant à des idéaux
supérieurs guidant son action, mais plutôt à
un chef d’entreprise pragmatique, dont le bon sens et
l’ingéniosité permettent aux agriculteurs
de travailler dans des conditions plus confortables et en
respectant davantage l’environnement.
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