François Lemarchand- Toussus le Noble (France) - 1er avril 2003

François Lemarchand, à la découverte d'une vraie nature.

L'air étonnamment décontracté pour un patron de distribution dans le marasme actuel, François Lemarchand nous a accueilli dans ses locaux de Toussus-le-noble. Le lieu est à son image, chaleureux et naturel, et derrière lui se dresse une imposante étagère de bois exotique aux nombreux petits tiroirs qui réveillent notre curiosité.

Formation : ESCP / Harvard - Hobby : Militant de Greenpeace
A 25 ans, François Lemarchand avait déjà un CV qui donne envie de poser quelques questions. Sa principale ambition à l'époque était de trouver un métier qui lui permette de continuer d'explorer les merveilles du monde. Et si son projet de plantation de cœur de palmier au Brésil ne voit finalement pas le jour, c'est qu'un stage de trois mois en France lui donne d'autres idées.

A l'époque, Pier Import est un réseau de magasin de décoration de San Francisco qui propose des produits tendance " hippie " . Lorsque ses dirigeants contactent François Lemarchand, sa mission est claire : fermer la dizaine de magasins en France et en Belgique, tous déficitaires.

Au bout de trois mois, le stagiaire propose au patron du groupe de racheter son réseau européen ! Son idée est alors de proposer des objets authentiques et naturels rapportés des quatre coins de la planète. Il veut donner une touche d'exotisme aux intérieurs uniformisés de l'époque. Et pour établir son catalogue, il doit faire ce qu'il aime, explorer le monde et convaincre les habitants de villages éloignés que leur artisanat peut être un moyen de se développer.

De 10 magasins, Pier Import passe à plus d'une centaine, les produits sont originaux et, accessoirement, se vendent très bien. Pier Import est alors la première entreprise à travailler avec la Chine et son activité permet à des villages entiers de pays du Sud de se développer.

Malheureusement le système finit par se pervertir. Les distributeurs occidentaux commencent à imposer leurs modèles aux fabricants et les relèguent au rôle d'exécutant bon marché. François Lemarchand ne se passionne plus… Il vend sa société et retourne à ses premières amours.

S'étant spécialisé en agrobusiness, il décide de créer des fermes d'aquaculture dans toute l'Europe. Il connaît les niveaux de réserves de poissons en mer et leur surexploitation. La solution pour répondre à une demande croissante est évidente, il faut passer de la prédation à l'élevage. Malheureusement, son sens des affaires n'est pas infaillible et ses exploitations n'ont pas la réussite escomptée. Son intuition, en revanche, fut confirmée par les nombreux succès de la filière, notamment dans la culture du saumon, " l'or rose ".

Echaudé par cet échec, il revient aux métiers qu'il connaît, ceux de la distribution. Il fonde Nature & Découvertes en 1990 avec la mission de faire redécouvrir la nature à des populations citadines. Nature & Découvertes vend ainsi, dans des magasins aux ambiances étonnantes, tous les objets utiles pour recréer un lien avec la nature, du télescope à l'outillage de jardin. Faire connaître pour faire respecter. L'entreprise affiche sa vocation militante. Nature & Découvertes devient rapidement une entreprise pionnière de la responsabilité sociétale, 10 % de ses bénéfices sont reversés à des projets de préservation de la biodiversité. C'est la première société en France à publier un rapport de développement durable.

Mais malgré cette démarche sincère, François Lemarchand admet qu'il existe un dilemme profond entre son activité et ses convictions écologistes. Les produits qu'ils vend, même ceux recyclables, rejoignent un jour ou l'autre l'immense amas de déchets que notre société laisse derrière elle.

Foncièrement optimiste, il voit d'un très bon œil l'augmentation de la consommation de services au-delà des produits. Dorénavant les consommateurs s'intéressent plus à ce qu'ils font qu'à ce qu'ils ont. Natures & Découvertes vient d'ailleurs de s'associer à Voyages du Monde pour proposer toute une gamme de " voyages porteurs de sens ". Marche dans le désert algérien, traversée de la vallée du mustang à cheval au Népal, observation des baleines à bosse à Madagascar, autant d'expériences enrichissantes qui n'appauvrissent personne.

Immanquablement, nous découvrons un François Lemarchand visionnaire lorsqu'il affirme que nous entrons dans une ère de richesse de l'être plus que de l'avoir. Il prédit même que l'acte de consommation commence à véhiculer une valeur quasi négative et bientôt dépassée.
Si son instinct des tendances est une fois de plus avéré, attendons nous à une vraie révolution !

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