Dominique
Bidou -Paris (France) - 11 Juin 2003
L'architecte du futur
bâtiment durable
S’il
existe un secteur où l’engagement dans le Développement
Durable est ingrat, c’est celui de la construction. Les efforts pour
parvenir à faire changer les pratiques sont herculéens, la médiatisation
de la lutte quasi nulle et pourtant, l’effet de levier sur notre impact
environnemental est colossal…
Dominique Bidou est l’homme qui a engagé cette lutte en France,
il est président de l’Association pour la norme HQE (Haute Qualité
Environnementale) qui tente d’engager une réflexion au sein du
secteur du BTP sur ses impacts environnementaux. Poser la question de l’environnement
à un secteur qui représente en France à lui seul plus
de 90 Milliards d’euros et près d’un cinquième du
PIB (services liés inclus), c’est comme si un colibri essayait
de convaincre un éléphant de vivre dans un nid… C’est
loin d’être facile !
Pour faire évoluer les mentalités, Dominique Bidou ne s’est
pas converti en « ayatollah vert » qui s’enchaînerait
sur les grues pour arrêter les constructions. Non par manque de convictions
car Dominique Bidou est un militant de la première heure, engagé
en écologie politique dès 1977. Mais son tempérament
posé le pousse davantage à préférer la concertation.
D’où l’idée de la démarche HQE, qui est née
d’une réflexion menée par des représentants de
nombreux secteurs impliqués : les constructeurs, les promoteurs, les
architectes, les clients et les collectivités locales.
Après un passage au cabinet ministériel de Brice Lalonde en
1988, il est chargé en 1992 par Nicole Ameline de rédiger le
premier rapport posant la question de l’impact environnemental du secteur
du bâtiment. Il gagne la légitimité de mener ce dialogue
qui aboutit à une série de recommandations concrètes
qui font d’un édifice un bâtiment certifié HQE.
Le premier bâtiment répondant à la démarche de
Haute Qualité Environnementale voit le jour en 1996, et il en suit
lui-même la construction. Il s’agit du Lycée Maximilien
Perret à Alfortville. Celui-ci est non seulement achevé dans
les temps, mais sa construction se révèle moins coûteuse
que ce que le budget prévoyait… Deux faits assez rares dans le
BTP pour être soulignés !
Bien entendu, grâce à une conception architecturale « écologique
», ce bâtiment est aussi confortable et répond aux mêmes
normes de sécurité qu’un autre lycée mais est bien
moins consommateur en électricité, en eau, et en matériaux
non-renouvelables. Lorsqu’on sait que le chauffage représente
1/4 de nos dépenses d’électricité, on imagine les
économies qu’une réflexion poussée sur l’isolation
et la circulation des courants d’air permet de réaliser.
Aujourd’hui ce sont entre 500 et 600 bâtiments qui répondent
aux critères de la norme HQE. Créée en 1998, celle-ci
n’en est qu’à ses débuts mais lentement, quelques
acteurs du secteur commencent à s’y intéresser. La grande
difficulté de l’Association menée par Dominique Bidou
est de convaincre ces mastodontes de la construction, mais aussi les preneurs
de décisions (politiques, offices HLM, promoteurs et investisseurs
immobiliers) que cette démarche est non seulement bonne pour l’environnement
mais aussi très rémunératrice si l’on se force
à raisonner à long terme. Moins d’énergie et moins
de consommation d’eau, autant de charges financières qui s’envolent
: propriétaires et locataires y gagnent tous deux.
Un des rares motifs de satisfaction de Dominique Bidou jusqu’ici est
l’intérêt croissant que portent les écoles d’architecture
à cette démarche. En effet, de plus en plus de jeunes étudiants
se penchent sur ces considérations environnementales et en commençant
par convaincre les concepteurs des bâtiments de demain, il espère
petit à petit convaincre sa cible que pour avoir des bâtiments
« durables », un changement radical est désormais indispensable.
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