Anil Chitrakar - Katmandu (Népal) - 28 Octobre 2003

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La pépinière d'entrepreneurs verts.


Anil Chitrakar a toujours été un amoureux de la Nature et le choix de ses études d’ingénieur en système d’énergie solaire et biogaz n’est pas surprenant. A une époque où le Népal n’était que très peu préoccupé par les soucis d’environnement, il s’aperçoit rapidement qu’il est vain de tenter de convaincre les adultes pétris de certitudes mais qu’en revanche, les enfants et les adolescents ont de l’énergie à revendre et la capacité de faire évoluer les mentalités.

Or le Népal a bien besoin d’évoluer tant le développement et l’exode rural des années 80 a exercé une pression folle sur un écosystème unique au monde… Imaginez, sur 150 km on passe d’une jungle à 80 m au dessus du niveau de la mer au Mont Everest à 8 848 m. Entre ces deux extrêmes, toute la panoplie de ce que la Nature a pu inventer, des tigres, des singes, des rhinocéros, des léopards des neiges et des milliers de variétés de plantes. Cette biodiversité exceptionnelle était évidemment en danger, mais comment expliquer à un fermier qu’il ne peut plus se chauffer car le bois est précieux où qu’il ne doit pas chasser le tigre qui vient dévorer son bétail… Bien sûr des solutions existent, mais comment aller concrètement convaincre les 4 000 villages que compte le Népal, de changer, sans dépenser des fortunes en brochures, et vidéos qui ne garantissent même pas un résultat probant…

Anil Chitrakar a essayé sa solution, proposer aux adolescents d’aller organiser des camps dans les zones rurales. Dès 1987 il organise donc un premier camp où des adolescents de Katmandu, ravis de « prendre l’air » viennent former, éduquer et impliquer les enfants d’un village aux enjeux environnementaux. Les jeunes vont donc inculquer sur des camps animés de 5 jours des pratiques toutes simples comme l’utilisation de latrine, où initier des projets plus complexes comme des centrales de biogaz pour remplacer le bois comme chauffage.

Cette dernière innovation est un bon exemple de l’intérêt des camps ECCA, le principe est simple, on récupère les excréments de bétail qu’on place à fermenter dans un réservoir creusé dans le sol, un tuyau permettra quelques jours plus tard d’extraire du méthane, un gaz parfaitement utilisable (et renouvelable) pour chauffer la maison, cuire les aliments, etc… Ces installations sont simples à construire et épargnent la consommation de bois et de fioul (lourd à transporter et enfumant les maisons) mais tant que personne n’en a montré le principe et l’efficacité, personne ne s’y met. Voilà une des taches de jeunes d’ECCA, ils aident les enfants à convaincre leurs parents de changer. Ingénieux !

Aujourd’hui près de 2 000 camps ont été organisés pour 25 000 enfants grâce à l’aide de 2 400 formateurs qui constituent aujourd’hui un réseau très puissant de jeunes adultes conscients de la nécessité de changement. Récemment un de ces jeunes, bien placé à la Mairie de Katmandu, a permis de faire passer une réforme qui a transformé tous les rickshaws municipaux (tricycles motorisés) d’un moteur diesel à un moteur électrique. Chapeau !

D’ailleurs c’est sur ce réseau d’anciens formateurs qu’Anil Chitrakar voit reposer l’avenir de son organisation. Aujourd’hui, ONG classique reposant sur un financement de dons, elle compte se tranformer en incubateur de business durables. Près de 25 anciens ont déjà crée des entreprises vendant des systèmes de biogaz dans les villages et l’énergie solaire commence aussi à présenter des opportunités d’activités rentables… Ecca pourrait investir ou aider à la création de telles activités et devenir le premier capital risqueur vert du Népal.

Anil Chitrakar nous a épaté par son enthousiasme et son énergie communicative, ses camps ont eu le mérite de responsabiliser des milliers de jeunes et il ne tient qu’à eux aujourd’hui de transformer leur pays pour en refaire un paradis vert… Il compte sur eux !


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Pour en savoir + :

Le site d'ECCA (Environmental Camp for Conservation Awareness)