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La pépinière d'entrepreneurs verts.
Anil Chitrakar a toujours été un amoureux de
la Nature et le choix de ses études d’ingénieur
en système d’énergie solaire et biogaz
n’est pas surprenant. A une époque où
le Népal n’était que très peu préoccupé
par les soucis d’environnement, il s’aperçoit
rapidement qu’il est vain de tenter de convaincre les
adultes pétris de certitudes mais qu’en revanche,
les enfants et les adolescents ont de l’énergie
à revendre et la capacité de faire évoluer
les mentalités.
Or le Népal a bien besoin d’évoluer tant
le développement et l’exode rural des années
80 a exercé une pression folle sur un écosystème
unique au monde… Imaginez, sur 150 km on passe d’une
jungle à 80 m au dessus du niveau de la mer au Mont
Everest à 8 848 m. Entre ces deux extrêmes, toute
la panoplie de ce que la Nature a pu inventer, des tigres,
des singes, des rhinocéros, des léopards des
neiges et des milliers de variétés de plantes.
Cette biodiversité exceptionnelle était évidemment
en danger, mais comment expliquer à un fermier qu’il
ne peut plus se chauffer car le bois est précieux où
qu’il ne doit pas chasser le tigre qui vient dévorer
son bétail… Bien sûr des solutions existent,
mais comment aller concrètement convaincre les 4 000
villages que compte le Népal, de changer, sans dépenser
des fortunes en brochures, et vidéos qui ne garantissent
même pas un résultat probant…
Anil Chitrakar a essayé sa solution, proposer aux adolescents
d’aller organiser des camps dans les zones rurales.
Dès 1987 il organise donc un premier camp où
des adolescents de Katmandu, ravis de « prendre l’air
» viennent former, éduquer et impliquer les enfants
d’un village aux enjeux environnementaux. Les jeunes
vont donc inculquer sur des camps animés de 5 jours
des pratiques toutes simples comme l’utilisation de
latrine, où initier des projets plus complexes comme
des centrales de biogaz pour remplacer le bois comme chauffage.
Cette dernière innovation est un bon exemple de l’intérêt
des camps ECCA, le principe est simple, on récupère
les excréments de bétail qu’on place à
fermenter dans un réservoir creusé dans le sol,
un tuyau permettra quelques jours plus tard d’extraire
du méthane, un gaz parfaitement utilisable (et renouvelable)
pour chauffer la maison, cuire les aliments, etc… Ces
installations sont simples à construire et épargnent
la consommation de bois et de fioul (lourd à transporter
et enfumant les maisons) mais tant que personne n’en
a montré le principe et l’efficacité,
personne ne s’y met. Voilà une des taches de
jeunes d’ECCA, ils aident les enfants à convaincre
leurs parents de changer. Ingénieux !
Aujourd’hui près de 2 000 camps ont été
organisés pour 25 000 enfants grâce à
l’aide de 2 400 formateurs qui constituent aujourd’hui
un réseau très puissant de jeunes adultes conscients
de la nécessité de changement. Récemment
un de ces jeunes, bien placé à la Mairie de
Katmandu, a permis de faire passer une réforme qui
a transformé tous les rickshaws municipaux (tricycles
motorisés) d’un moteur diesel à un moteur
électrique. Chapeau !
D’ailleurs c’est sur ce réseau d’anciens
formateurs qu’Anil Chitrakar voit reposer l’avenir
de son organisation. Aujourd’hui, ONG classique reposant
sur un financement de dons, elle compte se tranformer en incubateur
de business durables. Près de 25 anciens ont déjà
crée des entreprises vendant des systèmes de
biogaz dans les villages et l’énergie solaire
commence aussi à présenter des opportunités
d’activités rentables… Ecca pourrait investir
ou aider à la création de telles activités
et devenir le premier capital risqueur vert du Népal.
Anil Chitrakar nous a épaté par son enthousiasme
et son énergie communicative, ses camps ont eu le mérite
de responsabiliser des milliers de jeunes et il ne tient qu’à
eux aujourd’hui de transformer leur pays pour en refaire
un paradis vert… Il compte sur eux !
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